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FAQ – Contester une politique d’assurance-vie dans une succession : vos droits, vos recours

L’assurance-vie est un outil de transmission puissant, mais son fonctionnement en cas de succession soulève souvent des interrogations. Peut-on contester le contrat ? Quels sont les droits des héritiers ? Quelles sont les limites posées par la loi ? Cette FAQ répond de manière claire et précise aux principales questions que vous pourriez vous poser.

Que vous soyez héritier, bénéficiaire désigné ou simplement en train de préparer votre transmission, il est essentiel de comprendre vos droits et les mécanismes juridiques qui encadrent l’assurance-vie.

Pour aller plus loin :

Maîtriser les règles liées à l’assurance-vie vous permet de protéger vos intérêts… et ceux de vos proches.

Comment contester une assurance-vie dans le cadre d’une succession ?

L’assurance-vie est un contrat spécifique qui, en principe, ne fait pas partie de la succession. Les sommes versées au(x) bénéficiaire(s) désigné(s) sont hors succession et ne suivent pas les règles de partage classiques entre héritiers. Toutefois, dans certains cas, il est possible de contester le contrat ou les bénéficiaires.

Voici les principales situations où une contestation peut être envisagée :

1. Versements manifestement excessifs
Si les primes versées par le défunt étaient manifestement disproportionnées par rapport à ses revenus et à son patrimoine, les héritiers peuvent demander à ce que ces sommes soient réintégrées dans la succession (article L132-13 du Code des assurances). Cela s’applique surtout aux contrats souscrits tardivement ou aux versements très élevés.

2. Doute sur la capacité du souscripteur
Si le défunt souffrait d’un trouble mental ou n’avait pas toute sa lucidité au moment de la désignation du bénéficiaire, il est possible de contester pour cause d’insanité d’esprit. Des preuves médicales ou des témoignages seront nécessaires.

3. Pressions ou manœuvres
Une contestation peut aussi être déposée si un héritier ou un tiers a profité d’une situation de faiblesse pour se faire désigner comme bénéficiaire, ce qui pourrait être qualifié d’abus de faiblesse.

4. Non-respect des règles de forme
La clause bénéficiaire doit être précise et conforme aux exigences du contrat. Une erreur manifeste dans sa rédaction ou une absence de bénéficiaire peut être contestée devant les tribunaux.

Démarches à suivre :

Une action en justice peut être engagée devant le tribunal judiciaire, généralement dans un délai de 5 ans à compter du décès ou de la découverte du contrat.

Consulter un notaire ou un avocat spécialisé en droit des successions.

Réunir toutes les preuves : contrat, attestations médicales, preuves des versements, etc.

Peut-on remettre en cause la validité d’un contrat d’assurance-vie dans une succession ?

Non, la validité d’un contrat d’assurance-vie ne peut pas être remise en cause par les héritiers, même si les sommes versées au bénéficiaire réduisent fortement leur part d’héritage réservataire. En effet, l’assurance-vie est juridiquement considérée comme un contrat hors succession : le capital versé revient directement au(x) bénéficiaire(s) désigné(s), sans passer par l’actif successoral.

Cependant, les héritiers disposent d’un levier juridique : la contestation des primes. Si les sommes versées sur le contrat sont jugées manifestement excessives par rapport aux capacités financières du défunt, ils peuvent demander à ce que ces montants soient réintégrés dans la succession. Cette action n’annule pas le contrat lui-même, mais elle vise à rétablir un équilibre en limitant les effets d’un déséquilibre patrimonial au profit d’un bénéficiaire.

Il est donc recommandé de :

Engager une action dans le cadre du délai légal de prescription (généralement 5 ans à compter du décès ou de la révélation du contrat).

Se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit des successions ;

Apporter la preuve du caractère excessif des versements (analyse des revenus, du patrimoine, de l’âge au moment des versements, etc.) ;

Que dit la loi sur les primes « manifestement exagérées » dans une assurance-vie ?

L’article L132-13 du Code des assurances prévoit un principe fondamental : les capitaux issus d’un contrat d’assurance-vie ne sont pas soumis aux règles de la réserve héréditaire, ni à celles du rapport à succession. En d’autres termes, les sommes versées au bénéficiaire échappent en principe au partage successoral, même si elles désavantagent certains héritiers réservataires.

Cependant, une exception existe : les primes versées peuvent être réintégrées à la succession si elles sont considérées comme « manifestement exagérées » au regard des capacités financières du souscripteur.

Ce que dit la jurisprudence :

La Cour de cassation, dans un arrêt du 24 octobre 2013, a précisé que pour évaluer le caractère excessif des primes, il faut comparer les primes versées avec les sommes retirées par le souscripteur (rachats partiels) et tenir compte de l’utilité réelle du contrat. Cette appréciation est laissée à la libre interprétation du juge au cas par cas.

Un débat juridique en cours :

En 2019, le sénateur Claude Malhuret a interpellé la ministre de la Justice sur cette insécurité juridique, soulignant que la protection des héritiers dépend fortement de l’interprétation du juge. La réponse ministérielle, donnée par Nicole Belloubet, reste prudente, indiquant que cette question relève d’une réflexion globale sur l’équilibre entre la liberté contractuelle et le droit des héritiers.

Un rapport d’experts publié en janvier 2020 recommande, entre autres, de soumettre l’assurance-vie aux règles du droit civil des successions et des libéralités, afin d’encadrer plus précisément ces situations, tout en conservant les avantages fiscaux liés au contrat.

En résumé :

Le débat reste ouvert sur une réforme possible du régime civil de l’assurance-vie.

Les primes manifestement excessives peuvent être contestées, mais aucune règle précise n’est fixée.

L’appréciation du caractère excessif dépend du juge, de la situation financière du souscripteur, et de l’usage réel du contrat.

Qui peut contester les primes d’une assurance-vie et comment se déroule la procédure ?

La contestation des primes versées sur un contrat d’assurance-vie n’est pas ouverte à tous : seuls les héritiers du souscripteur, s’ils estiment avoir été lésés, peuvent engager une action. Cette démarche se fait devant le Tribunal judiciaire (anciennement Tribunal de grande instance) du lieu d’ouverture de la succession.

Étapes de la procédure :

  1. Saisine du tribunal par les héritiers concernés ;
  2. Appréciation par le juge du caractère « manifestement exagéré » des primes, en fonction de la situation financière du souscripteur (âge, patrimoine, revenus, utilité du contrat, etc.) ;
  3. Décision judiciaire : si les primes sont jugées excessives, le juge peut ordonner leur réintégration dans la succession, ce qui les soumet aux règles du partage entre héritiers.

Et du côté de l’administration fiscale ?

L’administration dispose de moyens spécifiques pour agir dans certains cas. Elle peut notamment :

  • Invoquer l’abus de droit si le contrat a été utilisé pour contourner les règles successorales ;
  • Requalifier les versements en donation indirecte, notamment lorsque les primes sont très importantes et versées peu avant le décès, dans un but manifestement libéral.

Ces démarches fiscales sont distinctes de l’action civile menée par les héritiers, mais peuvent avoir un impact patrimonial et fiscal important pour le bénéficiaire désigné.