Impot sur la fortune improductive

Résumé rapide :
La réforme votée fin octobre 2025 transforme l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI) en Impôt sur la fortune improductive (IFIP). L’objectif : taxer les patrimoines jugés « non productifs » – cryptomonnaies, fonds en euros d’assurance-vie, et autres actifs considérés comme peu utiles à l’économie réelle. Une réforme symbolique plus qu’une révolution fiscale, mais qui pose une question essentielle : comment orienter l’épargne des Français vers des investissements profitables pour l’économie… sans les pénaliser ?

Impôt sur la fortune improductive : une nouvelle logique fiscale

Le passage de l’IFI à l’IFIP marque une évolution majeure dans la fiscalité du patrimoine en France. Désormais, la taxation ne se limite plus à l’immobilier : elle s’étend à certains placements jugés insuffisamment contributifs à l’économie réelle.

L’esprit de ce nouvel impôt est clair : élargir l’assiette fiscale aux actifs considérés comme improductifs, afin d’encourager une allocation de l’épargne jugée plus utile à la croissance.

Au-delà du seuil de 2 millions d’euros de patrimoine improductif, seraient désormais intégrés :

  • les actifs numériques (cryptomonnaies),
  • les fonds en euros des assurances-vie,
  • et divers supports sécurisés ou faiblement risqués.

L’intention affichée : inciter les détenteurs de patrimoine à réorienter une partie de leurs avoirs vers des placements plus dynamiques – actions, entreprises, innovation.

Pourquoi les fonds en euros sont-ils ciblés ?

Les fonds en euros sont pourtant un pilier de l’épargne française : près de 25 millions d’épargnants et plus de 45 millions de contrats. Leur succès repose sur une caractéristique très simple : le capital y est garanti.

Mais cette sécurité a un prix : jusqu’à 70 % des fonds en euros sont investis dans la dette de l’État français.

Taxer ces supports revient donc à agir sur un point d’équilibre délicat :

  • les épargnants pourraient être moins attirés par ces produits,
  • les assureurs devraient offrir une rémunération plus élevée,
  • le coût de la dette publique grimperait,
  • et, en cascade, l’ensemble des contribuables en subirait les conséquences.

C’est l’un des paradoxes de cette réforme : vouloir lutter contre une épargne “immobile”, au risque d’affaiblir une source cruciale de financement de l’État.

Un impôt qui touchera peu de Français… mais dont les effets pourraient être larges

Seuls les patrimoines improductifs supérieurs à 2 millions d’euros seront concernés : une minorité. Pour autant, l’impact collectif pourrait être réel. Si l’État doit s’endetter plus cher, c’est l’ensemble de la nation qui en supporte la charge.
Cette réforme, qui se veut ciblée, pourrait donc avoir des effets économiques plus larges que son périmètre initial.

Investissement productif : éduquer plutôt que taxer

L’objectif gouvernemental est d’encourager un basculement vers l’investissement productif.
Mais notre conviction, chez Ateis Patrimoine, est que la contrainte fiscale n’est pas le levier le plus efficace.

  • Taxer n’apprend pas à investir.
  • Taxer ne rassure pas.
  • Taxer ne construit pas de culture financière.

Il faut rappeler que :

  • investir n’est pas un jeu de hasard,
  • ce n’est pas réservé à une élite,
  • c’est avant tout une manière de protéger son avenir et de lutter contre l’inflation.

Comment répartir son épargne ?

Nous recommandons une règle simple et pragmatique :

  • conserver l’équivalent de 4 à 6 mois de dépenses sur des supports sécurisés (fonds euros, livrets, disponibilités),
  • investir le surplus dans des placements plus dynamiques et créateurs de valeur.

C’est la stratégie la plus équilibrée pour préserver son pouvoir d’achat et participer au financement de l’économie.

Au-delà de la réforme : repenser la culture financière en France

La réforme IFIP révèle un problème beaucoup plus profond : la France souffre d’un déficit d’éducation financière. Là où d’autres pays européens ont intégré l’investissement comme un réflexe naturel, la France demeure prudente, parfois méfiante, souvent mal informée.

Pour changer cela, il faut :

  • introduire la culture financière à l’école,
  • proposer des formations en entreprise,
  • démocratiser la compréhension de l’épargne, du risque, de l’inflation, des marchés.

Une nation qui comprend mieux l’investissement devient une nation plus résiliente.

Conclusion : une réforme plus symbolique que structurante

L’Impôt sur la fortune improductive marque une volonté politique :
orienter davantage l’épargne vers l’économie réelle.

Mais :

  • son impact direct sera limité,
  • ses effets indirects pourraient être importants,
  • et son efficacité dépendra avant tout de la capacité de la France à élever sa culture financière.

Notre conviction est simple : le progrès durable ne naît jamais de la contrainte fiscale, mais de la compréhension, de l’accompagnement et de la pédagogie.

Cette réforme ouvre un débat de fond : quelle place doit occuper l’État dans l’orientation de l’épargne, et comment concilier liberté individuelle, protection des ménages et dynamisme économique ?

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