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Améliorer la gestion bancaire de votre entreprise : enjeux et stratégies face à la multi-bancarisation

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Actuellement, une grande part des dirigeants d’entreprises se trouve dans la nécessité de diversifier leurs relations bancaires en ouvrant plusieurs comptes auprès de différentes institutions financières, une démarche essentielle pour répondre à leurs besoins opérationnels quotidiens. D’après une enquête récente, 70% des participants ont signalé détenir deux comptes professionnels dans des banques distinctes, tandis que 30% en ont ouvert trois ou plus afin de soutenir l’expansion et le développement de leurs activités. Cette multi-bancarisation est principalement due à une série de difficultés rencontrées dans la gestion bancaire quotidienne, telles que le remplacement fréquent des conseillers bancaires, des difficultés pour effectuer des activités de banque au quotidien, de l’indisponibilité, ainsi qu’une absence de soutien personnalisé pour le développement de projets spécifiques.

Devant cette réalité, un nombre croissant de chefs d’entreprise choisit la multi-bancarisation comme stratégie pour minimiser les risques associés à la dépendance à une seule banque, dans l’espoir de trouver un conseiller bancaire plus réceptif et adapté à leurs besoins. Cependant, cette approche n’est pas sans conséquences et entraîne son lot de complications, notamment l’augmentation des frais bancaires et la nécessité de justifier leurs activités face à des questions parfois envahissantes de la part des institutions financières. Encore plus inquiétant, 20 % des dirigeants d’entreprise ont été confrontés à des fermetures inattendues de leurs comptes bancaires pour des raisons liées à la non-conformité, comme l’absence de bilans à jour ou le défaut de mise à jour des données sur les bénéficiaires effectifs, rendant la gestion de plusieurs comptes bancaires nettement plus complexe.

Cet article offre une analyse détaillée, enrichie par les expériences vécues par des chefs d’entreprise, sur les défis de la multi-bancarisation et leurs stratégies réussies pour les surmonter. Nous explorons comment ces dirigeants gèrent leurs multiples relations bancaires de manière efficiente, réduisent les coûts et respectent les normes réglementaires.

La Multi-Bancarisation: Stratégie d’Optimisation Financière et Défi pour la Fidélisation Bancaire

La multi-bancarisation apporte une série d’avantages considérables pour les clients professionnels, leur permettant d’exploiter la concurrence entre les institutions financières pour améliorer et développer leurs activités. Cette approche offre aux entreprises la flexibilité de choisir entre différents produits et services financiers, leur permettant ainsi de bénéficier des meilleures offres disponibles sur le marché, comme des conditions de prêt plus favorables, des frais bancaires réduits, et un accès à une variété de services adaptés à leurs besoins. En établissant des relations avec plusieurs banques, les clients professionnels peuvent non seulement améliorer leur position de négociation mais aussi sécuriser leur accès à des ressources financières.

Cependant, cette pratique ne va pas sans créer des tensions avec les banques, qui préfèrent souvent établir une relation d’exclusivité avec leurs clients. Pour les institutions financières, l’objectif est de maximiser le volume d’affaires généré par chaque client, ce qui se traduit par une augmentation du bénéfice net bancaire (BNB). Les banques considèrent l’exclusivité comme une stratégie commerciale avantageuse, car elle leur permet de consolider leur base de clients et d’optimiser les retours sur les investissements réalisés dans la relation client, notamment en termes de services personnalisés et de conseil financier.

La perspective des banques est également influencée par une perception négative associée à la multi-bancarisation, souvent vue comme le résultat d’une gestion de compte inefficace de leur part. Cette interprétation souligne un malentendu fondamental : alors que les banques y voient un signe de gestion financière problématique, les clients professionnels peuvent considérer la multi-bancarisation comme une stratégie prudente et avisée pour diversifier leurs risques et optimiser leur gestion bancaire.

Malgré ces divergences de vue, les banques valorisent profondément la fidélité de leurs clients. Elles perçoivent un client fidèle comme un atout précieux, même en cas de tensions ou de désaccords dans la relation client-banque. Ainsi, elles s’efforcent de maintenir ces clients à bord, en privilégiant la stabilité et la durée de la relation, même si cela implique de naviguer à travers des périodes difficiles. Les banques s’engagent donc dans des efforts pour réaffirmer l’importance de la fidélité client et cherchent à résoudre les problématiques pouvant affecter la qualité de la relation, dans l’espoir de construire un partenariat durable et mutuellement bénéfique.

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Les Défis de la Multi-Bancarisation : Stratégies et gestion de la conformité face aux comptes inactifs

La multi-bancarisation, tout en offrant des avantages notables pour les clients professionnels, soulève également des questions critiques concernant les pratiques bancaires, en particulier en ce qui concerne la gestion des comptes peu ou pas actifs. La problématique centrale est de comprendre la raison pour laquelle une banque devrait maintenir des comptes de clients qui ne maintiennent pas une relation commerciale active ou dont l’activité est inexistante. Cette question devient particulièrement pertinente dans le contexte des grandes banques françaises, où certains territoires bancaires se montrent réticents à garder des clients professionnels qui ne sont pas pleinement engagés dans la relation bancaire.

Cette situation s’explique principalement pour deux raisons. D’une part, les conseillers bancaires, qui peuvent gérer un portefeuille de 600 à 1 500 comptes professionnels, se retrouvent face à un défi de taille en termes de gestion de la conformité. La mise à jour des informations client et la collecte des justificatifs nécessaires peuvent demander entre 2 et 6 heures de travail par dossier. Ce processus implique de multiples interactions avec différents services au sein de la banque – du service de conformité au back-office responsable de la validation des documents, en passant par le manager et parfois jusqu’au directeur de territoire pour une confirmation finale. Ces étapes requièrent un investissement considérable en temps et en ressources pour des comptes qui, en fin de compte, ne génèrent pas d’activité significative avec la banque.

D’autre part, les clients qui ne génèrent que peu ou pas de flux financiers sur leurs comptes contribuent faiblement aux revenus de la banque, représentant ainsi un fardeau plutôt qu’une source de profitabilité. Cette situation affecte négativement le produit net bancaire (PNB) généré par les agences et les banques en général. Face à ces défis, les banques sont davantage motivées à rechercher de nouvelles opportunités commerciales « new business » plutôt qu’à maintenir des relations avec des clients peu actifs. L’entrée en relation avec de nouveaux clients offre l’opportunité de proposer une gamme étendue de services et de produits financiers, même si certaines de ces pratiques commerciales peuvent s’approcher des limites de l’acceptable.

Cette dynamique complexe met en lumière les tensions entre la nécessité pour les banques de gérer efficacement leur portefeuille de clients et le désir des entreprises de diversifier leurs relations bancaires pour optimiser leur gestion financière. Elle soulève également des questions importantes sur les stratégies que les banques pourraient adopter pour équilibrer ces impératifs, tout en maintenant une relation fructueuse et éthique avec leurs clients professionnels.

Le récit étonnant de Philippe B., partenaire dans un cabinet d’avocats parisien !

Monsieur B. raconte qu’il a pour habitude de retirer 120 euros chaque semaine de son compte professionnel pour offrir un repas à ses collaborateurs les jeudis soirs, une tradition instaurée pour souder l’équipe lors de leurs longues soirées de travail. Cette pratique, bien ancrée depuis des années, n’a jamais posé problème avec deux de ses banques. Cependant, la troisième banque a remis en question ces retraits hebdomadaires, les considérant potentiellement comme un abus de biens sociaux. Malgré les explications fournies et l’envoi de documents comptables attestant la légitimité de ces dépenses, la banque a exigé une attestation supplémentaire du comptable.

Le chiffre d’affaires de son entreprise s’élevant à 1.2 million d’euros, Monsieur B. ne comprenait pas cet acharnement, d’autant plus que cette situation désagréable s’est prolongée pendant plus de six mois. L’attitude de la banque a radicalement changé lorsque Monsieur B. a annoncé la vente de son entreprise pour 3.5 millions d’euros, signalant son départ à la retraite. À ce moment-là, le directeur de la banque privée s’est personnellement impliqué, proposant son aide pour investir cette somme et affirmant soudainement que les retraits de 120 euros n’avaient plus besoin d’être justifiés, considérant l’opération comme totalement légitime.

banques

Face à ce revirement et à l’attitude opportuniste de la banque, qui n’avait pas soutenu ses projets d’investissement par le passé, Monsieur B. a choisi de clôturer ses comptes et de placer son argent ailleurs. Cette expérience, après plus de vingt ans de relation bancaire, souligne le sentiment d’incompréhension et de frustration vécu par Monsieur B. face à une institution qui, selon lui, a tenté de fermer son compte sans raison valable jusqu’à ce que la perspective d’un investissement substantiel change leur comportement.

Ce témoignage, qui peut sembler banal, mais révèle en réalité un ressenti partagée par de nombreux chefs d’entreprise : le sentiment qu’il est nécessaire de collaborer étroitement avec leur banque pour assurer la tranquillité dans leur gestion quotidienne.

Conflits et Stratégies dans la Multi-Bancarisation : Naviguer entre Exigences de Conformité et Pressions Bancaires

De nombreux témoignages révèlent un conflit croissant entre la pratique de la multi-bancarisation et le désir des banques de maintenir une relation exclusive avec leurs clients. Face à cette dynamique, les dirigeants d’entreprises se trouvent souvent dans une position délicate, cherchant désespérément des stratégies pour naviguer à travers ces eaux troubles. Pour préserver leur relation avec les banques, certains entrepreneurs se résignent à souscrire à des services et produits financiers dont ils n’ont pas réellement besoin, dans le seul but de maintenir une apparence de collaboration active.

Mon conseiller ne me contacte que pour me proposer des produits. J’ai déjà refusé par le passé, et depuis, il m’est impossible de le joindre par mail ou téléphone. Plus grave encore, j’ai reçu plusieurs lettres m’annonçant la fin de notre relation commerciale pour cause de non-conformité, malgré l’envoi de tous les documents requis !

Martin P, chef d’entreprise

D’autres prennent les devants sur les exigences de conformité, adoptant une approche proactive en soumettant systématiquement l’ensemble des documents requis par envoi recommandé chaque année, dans l’espoir d’éviter la fermeture de leurs comptes. Cette démarche vise à prévenir toute interruption soudaine dans la gestion financière de leur entreprise qui pourrait résulter d’une décision unilatérale de la banque.

En outre, certains dirigeants vont jusqu’à solliciter l’intervention d’avocats ou à demander à leurs comptables de certifier certaines transactions, dans le but de simplifier la tâche de vérification de conformité pour le conseiller bancaire.

Malgré des efforts considérables, il arrive que des comptes bancaires soient clôturés de manière inattendue, sans avertissement ni possibilité de réplique pour les entreprises. Cette situation peut découler d’un manque de temps ou d’une insuffisance d’informations de la part des dirigeants d’entreprise. Fréquemment, cela place les entreprises dans une position précaire, les privant soudainement de ressources essentielles et soulignant les difficultés inhérentes à la gestion de multiples relations bancaires dans un environnement financier de plus en plus régulé et complexe.

Gestion de la Conformité et Clôture de Compte : Comprendre les Procédures KYC et les Droits des Clients

En France, la réglementation relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT) impose aux établissements financiers de mettre en œuvre des procédures de connaissance du client (KYC pour « Know Your Customer »). Ces mesures visent à identifier et vérifier l’identité de leurs clients, ainsi qu’à comprendre la nature de leurs activités afin de prévenir les risques associés à ces activités illégales. En cas de non-conformité aux exigences KYC par les clients, les banques sont en droit de prendre des mesures, y compris la clôture de comptes.

Multi-bancarisation

La législation française n’établit pas de délai spécifique pour la clôture de compte en cas de non-conformité aux obligations de LCB-FT. Cependant, le Code monétaire et financier, notamment dans ses articles L.312-1-1 et suivants, encadre la procédure de clôture de compte bancaire, offrant une certaine protection aux clients. Avant de procéder à la clôture d’un compte pour non-conformité ou pour tout autre motif, la banque doit respecter certaines conditions :

  1. Notification préalable : La banque doit informer le client de son intention de clôturer le compte. Cette notification doit être faite par écrit et comprendre le motif de la clôture ainsi qu’un préavis suffisant.
  2. Délai de préavis : Bien que la loi n’impose pas de délai de préavis spécifique pour la clôture due à une non-conformité réglementaire, les pratiques usuelles et les conditions générales de la banque prévoient généralement un préavis de 30 à 60 jours. Ce délai est destiné à donner au client le temps nécessaire pour prendre des dispositions alternatives.

Il est important de noter que dans des cas particulièrement graves de non-conformité, où il y aurait un risque important pour la banque en termes de réputation ou de sanctions réglementaires, la banque pourrait agir plus rapidement pour se protéger contre ces risques.

Les clients ayant subi une clôture de compte pour des raisons de non-conformité peuvent contester cette décision en faisant appel au médiateur bancaire ou en engageant une procédure judiciaire, surtout s’ils estiment que la décision a été prise sur des bases non justifiées ou sans respect des procédures adéquates.

Il est conseillé aux clients et aux entreprises de se tenir régulièrement informés des exigences de conformité et de s’assurer que toutes les informations et documents requis sont à jour pour éviter de tels désagréments.

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Multi-bancarisation et Conformité : Impacts sur la gestion d’entreprisee


Les répercussions de telles mesures de conformité peuvent être significatives pour les chefs d’entreprise, entravant potentiellement le développement harmonieux de leurs activités. En pratique, nombre d’entre eux, lorsqu’ils sont confrontés à une action de conformité, investissent beaucoup de temps dans le processus. Cela inclut des discussions approfondies avec leurs comptables pour s’assurer de la conformité de leurs opérations, ainsi que des échanges avec leur banque pour confirmer que toutes les procédures nécessaires ont été respectées. Ce temps investi dans la gestion de la conformité est précieux et pourrait être autrement utilisé pour se concentrer sur le cœur de leur entreprise, tel que le développement de nouveaux produits, l’amélioration des services existants, ou l’expansion de leur clientèle. Le détournement de l’attention des dirigeants de leurs objectifs commerciaux principaux vers des tâches administratives et réglementaires peut donc avoir un impact négatif sur la croissance et l’efficacité opérationnelle de l’entreprise.

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Quelles sont les Options Disponibles pour Assister les Chefs d’Entreprise dans le respect quotidien de leurs Obligations Réglementaires ?

Actuellement, les options pour aider les dirigeants d’entreprise dans le respect des normes de conformité au quotidien sont limitées, souvent se résumant à la consultation d’avocats ou d’experts-comptables pour obtenir des conseils. Néanmoins, certains cabinets de gestion de patrimoine commencent à proposer des services innovants, comme la réalisation d’un bilan de conformité. Ce service consiste en une analyse détaillée des transactions effectuées avec diverses banques, mettant en évidence les zones nécessitant une vigilance accrue en matière de conformité. À l’issue de cette analyse et une fois les informations nécessaires collectées, un rapport de conformité est élaboré et fourni au client. Ce dernier peut ensuite partager ce rapport avec ses banques, facilitant ainsi le respect des exigences réglementaires.

Ce type de service, ajoutant une valeur significative, est conçu pour économiser le temps non seulement des chefs d’entreprise mais aussi des banques, en simplifiant et en clarifiant les processus de conformité. Cependant, il est généralement destiné aux grandes entreprises, qui disposent des ressources suffisantes pour optimiser leurs relations bancaires. Malheureusement, ces services restent souvent hors de portée pour les PME, qui pourraient pourtant bénéficier grandement de tels outils pour naviguer dans le complexe environnement réglementaire sans détourner des ressources essentielles de leurs activités principales.

Chez Ateis Patrimoine, nous visons à rendre ces solutions plus accessibles pour un éventail élargi de dirigeants d’entreprise. Nous sommes en phase de développement d’un logiciel en tant que service (SaaS), offert gratuitement en ligne, spécialement conçu pour les entrepreneurs. Cet outil leur permettra de générer des rapports de conformité destinés à leurs banques. Ces rapports seront examinés par des experts et élaborés en collaboration étroite avec plusieurs directeurs de conformité bancaire. Notre vision à long terme est de créer un label de qualité, certifié et reconnu par les établissements bancaires, dans le but de simplifier le quotidien des chefs d’entreprise.

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